La retraite est le port où il faut se réfugier après les orages de la vie d'après Voltaire. Même quand on n'a pas travaillé au cours de sa vie.
Dans la poche
- Toucher une retraite sans avoir travaillé est possible dans certains cas.
- Des dispositifs existent pour aider les mères au foyer et les aidants familiaux.
- Certaines périodes (chômage, service militaires) permettent de cotiser pour la retraite
En France, le système de retraite repose sur le principe des cotisations, acquises en validant des trimestres et des points, directement issus de l’activité professionnelle. En théorie, pas d’activité, pas de cotisations et donc pas de retraite. Toucher une retraite implique d’avoir accumulé un certain nombre de trimestres, normalement acquis au cours de votre carrière. Dans certains cas, il est cependant possible de vous créer des droits à la retraite sans travailler.
Retraite sans travail : inconcevable ?
Pour pouvoir toucher une pension à vie à la retraite, il faut obligatoirement avoir travaillé, peu importe la catégorie socioprofessionnelle. En effet, toute activité professionnelle (légale) est obligatoirement assujettie en France à des charges sociales, dont des cotisations vieillesse. Ces dernières sont supportées en partie par l’employeur et en partie par l’employé(e). Dans le cas des travailleurs indépendants (freelance, artisans, commerçants, industriels, gérants de SARL, professions libérales), ces métiers où les travailleurs sont leur propre patron, ils supportent 100 % de leurs cotisations.
Les cotisations vieillesse : sésame de la pension de retraite
Ce sont ces cotisations vieillesse qui permettent de valider des trimestres dans les régimes de retraite de base et d’acquérir des points dans les régimes de retraite complémentaire. Pour la retraite de base, les caisses de retraite comptabilisent le nombre de trimestres validés. Dans la retraite complémentaire, on multiplie le nombre de points acquis par leur valeur. Il n’est donc pas possible de toucher, en théorie, une retraite sans avoir travaillé. Mais des exceptions existent, elles concernent :
- Les femmes au foyer ;
- Les aidants familiaux ;
- Le chômage ;
- Le service militaire.
Quelle retraite pour une femme au foyer n’ayant jamais travaillé ?
En 2011, la France comptait plus de 2 millions de femmes au foyer, contre 3,5 millions en 1991 d'après la dernière étude en date de l'Insee. Si leur nombre tend à évoluer, leurs motivations changent aussi. En 1991, 59 % d’entre elles avançaient des « raisons personnelles » contre 21 % deux décennies plus tard. Elles sont désormais 35 % à évoquer « la fin d’un CDD » comme raison majoritaire (10 % en 1991).
11 % des femmes expliquent aussi leur retrait de la vie active par un licenciement économique (contre 4 % en 1991). Une mauvaise conjoncture économique, mais également la difficulté de concilier vie familiale et professionnelle, souvent un challenge pour la plupart des femmes, expliquent ces chiffres.
L’AVPF : la retraite de base des mères aux foyers
Les mères au foyer qui s’occupent de leur(s) enfant(s) ou d’un proche en situation de handicap peuvent s’affilier à l’Assurance Vieillesse des Parents au Foyer (AVPF). Ce dispositif leur permet, sous conditions, d’être rattachées au régime général de la Caisse nationale d’assurance-vieillesse, qui couvre les salariés et cadres du secteur privé. Attention, l’affiliation à ce régime n’est pas gratuite (mécanisme d’assurance volontaire, nécessitant de cotiser) sauf pour les personnes qui assument la charge :
- D’un enfant handicapé ;
- D’un parent vivant à domicile et présentant un taux d’incapacité permanente d’au moins 80 %.
Comment adhérer à l’AVPF ?
Ce dispositif est accessible aux parents au foyer, aux parents d’enfants handicapés, mais aussi aux personnes qui hébergent des parents sous leur toit. Aucune démarche spécifique n’est à effectuer : l’affiliation à l’AVPF est entièrement gérée par la Caisse des Allocations familiales pour les femmes au foyer qui :
- Bénéficient de certaines prestations familiales : Prestation d’accueil du jeune enfant (Paje), complément familial, allocation journalière de présence parentale ou prestation partagée d’éducation de l’enfant
- Ont au moins un enfant de moins de 3 ans ou 2 enfants (trois s’ils vivent en couple)
- Respectent les plafonds de ressources relatifs aux prestations familiales sus-citées ;
Les cotisations avec l’AVPF
L'assiette forfaitaire mensuelle appliquée en 2023 au titre de l'AVPF (Assurance Volontaire des Parents au Foyer) est de 1 833,65 euros. Ce qui permet, à l’âge de la retraite (62 ans), de toucher une pension de retraite de base, calculée à partir :
- Des trimestres validés ;
- Comme si la personne concernée était payée au SMIC brut.
Bon à savoir
La rente versée par l’AVPF remplace la pension de retraite de base. Il n’existe pas d’équivalent avec la retraite complémentaire.
Les aidants familiaux
Toute personne qui cesse de travailler, partiellement ou complètement, pour s’occuper à domicile d’un enfant ou d’un parent handicapé peut-être affilié(e) gratuitement à l’assurance vieillesse des parents au foyer (AVPF). Ce dispositif n’est pas réservé qu’aux parents, il est également ouvert :
- Aux ascendants (parent, grands-parents, etc.) ;
- Aux descendants (enfant, petit-enfant, etc.) ;
- Aux collatéraux (frère, sœur, neveu, nièce, oncle, tante ou cousin) ;
- Au conjoint, le concubin, le partenaire de Pacs, ou une personne ayant le 1 des liens de parenté ci-dessus avec le conjoint, concubin ou partenaire de Pacs.
Pour en bénéficier, la personne dont vous avez la charge doit être atteinte d’une incapacité permanente de 80 %. Vos ressources sont également plafonnées d'un montant qui équivaut à 63 % du Plafond de la Sécurité sociale.
Le chômage
Une personne qui s’inscrit à Pôle emploi sans avoir jamais effectué la moindre activité professionnelle a droit à 6 trimestres de cotisation à la retraite, même sans percevoir d’allocations chômage.
Le service militaire
Dans la plupart des régimes de base, pour tenir compte des services militaires, il est reconnu que 90 jours de service militaire équivalent à un trimestre de retraite, dans la limite de 4 trimestres par an. Cela vaut y compris si la personne n’a pas cotisé ultérieurement à un régime de retraite. Cette condition n’existe pas dans les régimes de retraite complémentaire : seuls les régimes de base reconnaissent le service militaire comme donnant droit à des trimestres de retraite.
Puis-je partir en retraite sans la totalité des trimestres ?
L’âge légal de la retraite en France est 62 ans pour tous les actifs nés après 1955. Si, arrivé(e) à cet âge, vous constatez que vous n’avez pas le nombre de trimestres requis pour valider la durée de référence, rien ne vous empêche de partir quand même en retraite, mais votre pension subira une décote. Retrouvez ci-dessous la liste des trimestres cotisés nécessaires selon votre année de naissance :
Année de naissance | Nombre minimum de trimestres validés |
---|---|
1953 - 1954 | 165 |
1955 - 1956 - 1957 | 166 |
1958 - 1959 - 1960 | 167 |
1961 - 1962 - 1963 | 168 |
1964 - 1965 - 1966 | 169 |
1967 - 1968 - 1969 | 170 |
1970 - 1971 - 1972 | 171 |
À partir de 1973 | 172 |
La décote est un coefficient de minoration qui s’applique au montant de la retraite de base lorsque la durée d’assurance est inférieure au nombre de trimestres requis pour obtenir une retraite à taux plein. Pour calculer la décote, il faut déterminer le nombre de trimestres manquants, puis appliquer le coefficient de minoration correspondant à l’année de naissance du retraité.
Le taux de décote est égal au nombre de trimestres manquants multiplié par le coefficient de minoration :
Taux de pension minorée = Taux de la pension - (Coefficient de minoration X Nombre de trimestres manquants)
Bon à savoir
Une fois l’âge du taux plein atteint (entre 65 et 67 ans), la décote cesse de s’appliquer, même si l’assuré(e) n’a pas validé la durée d’assurance requise.
► Pour aller plus loin :
- Toucher sa retraite en continuant à travailler : c’est possible !
- Indemnité de départ à la retraite : comment est-elle imposée ?
- Retraite pour inaptitude au travail : comment la demander ?
- La pension de réversion pour les retraité(e)s veufs (ve)s
- Quelle retraite lorsqu'on a travaillé à l'étranger ?
Foire aux questions
🤝 J’ai 10 ans de travail, quelle retraite vais-je toucher ?
Pour le savoir, le mieux est de faire une simulation sur le site de votre caisse de retraite. Ces outils, gratuits, vous permettent de calculer vos droits à la retraite de base et complémentaire. Sachez cependant qu’en ayant cotisé pendant 10 ans seulement, le montant de votre pension a de fortes chances d’être relativement faible.
🤷 Qui aura droit à la retraite à 1000 euros ?
Dans le cadre de la réforme des retraites, Emmanuel Macron a annoncé que le montant de retraite minimum serait porté à 1000 euros nets pour les retraités ayant effectué une carrière complète au SMIC.
🤝 Je n’ai jamais travaillé, ai-je droit au minimum vieillesse ?
Il est possible de percevoir un minimum de retraite sans n’avoir jamais travaillé. Les personnes n’ayant jamais travaillé peuvent percevoir l’Aspa (anciennement le minimum vieillesse) à partir de 65 ans. Cette prestation n’est pas issue des cotisations, mais financée par le Fonds de solidarité vieillesse (FSV). Pour en bénéficier, il faut remplir ces trois conditions :
- Avoir plus de 65 ans ;
- Résider au moins six mois en France ;
- Ne pas dépasser un certain plafond de ressources annuelles.
Le montant de l'Aspa qui vous sera accordé est égal à la différence entre ce plafond et vos ressources.