C’est bien connu : pour partir à la retraite, il faut avoir cotisé suffisamment de trimestres au cours de sa vie active. Pour autant, la cotisation pour la retraite ne se limite pas aux trimestres, pour le régime général comme pour la retraite complémentaire. En effet, en France, la cotisation pour la retraite s’effectue également par le biais des cotisations sociales, ces charges patronales et salariales prélevées sur les salaires, notamment, au même titre que les cotisations de chômage, par exemple. Quels sont les taux de cotisation pour la retraite en 2021 ? Combien de trimestres dois-je cotiser pour pouvoir bénéficier de ma retraite à taux plein ? Beaucoup de questions, mais Climb a les réponses !
Comprendre le système de cotisation pour la retraite
Cotiser tous les mois pour la retraite, c’est bien, mais comprendre le fonctionnement de son système, c’est encore mieux ! En France, les salariés du secteur privé observent, entre autres, quatre cotisations prélevées automatiquement sur leur salaire :
- La Sécurité sociale plafonnée,
- La Sécurité sociale déplafonnée,
- La complémentaire (tranche 1),
- La complémentaire (tranche 2).
Cotiser pour sa retraite dans le régime général
Les travailleurs salariés du secteur privé sont affiliés au régime de base, ou régime général, de retraite. Ce régime de retraite est géré par la caisse de retraite Cnav (pour Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse), qui va en quelque sorte récupérer les prélèvements sociaux des actifs pour verser leur pension de retraite aux retraités.
En matière de cotisations sociales, et ici de cotisation de retraite, on observe les charges patronales (payées par l’employeur) et les charges salariales (prélevées du salaire). Ces prélèvements sociaux répondent à des taux de cotisation d’assurance retraite, prenant en compte le Plafond de la Sécurité sociale (PSS) qui officie ici de repère. Ainsi, le taux de cotisation de la Cnav sera plafonné, puisqu’il ne s’applique qu’à la part du salaire se situant sous ce PSS, qui change chaque année.
En 2021, le Plafond annuel de la Sécurité sociale est de 41 136 €. La cotisation plafonnée, quant à elle, est de :
- 8,55 % pour l’employeur,
- 6,90 % pour le salarié.
Il existe également une seconde cotisation du régime général qui est cette fois déplafonnée, c’est-à-dire qu’elle va être appliquée sur l’ensemble du salaire, sans prendre en compte le PSS. Son taux est le suivant :
- 1,90 % pour l’employeur,
- 0,40 % pour le salarié.
Cotiser pour la retraite complémentaire
Si la Cnav se charge du régime de retraite de base, le régime complémentaire est, quant à lui, géré par la caisse Agirc-Arrco. Auparavant deux caisses de retraite bien distinctes, l’Agirc et l’Arrco ont fusionné le 1er janvier 2019 pour que salariés et cadres effectuent leur cotisation à la même caisse de retraite complémentaire.
Ici, on distingue trois types de charges :
- Les cotisations de retraite Agirc-Arrco classiques,
- La Contribution d’Équilibre Général (CET),
- La Contribution d’Équilibre Technique (CET).
Ces cotisations répondent au doux nom de Tranche 1 et Tranche 2, visibles notamment sur votre fiche de paie. Pourquoi ces deux tranches ? Tout simplement parce qu’elles ne répondent pas aux mêmes prélèvements. Retrouvez ci-dessous les taux de cotisations de l’Agirc-Arrco pour la retraite complémentaire :
Charges | Taux global | Part salariale | Part employeur | Assiette |
---|---|---|---|---|
Agirc-Arrco tranche 1 | 7,8 % | 3,1 % | 4,7 % | 1 PSS* max |
Agirc-Arrco tranche 2 | 21,6 % | 8,6 % | 13 % | 1 à 8 PSS |
Apec** | 0,06 % | 0,024 % | 0,036 % | 4 PSS max |
CET*** | 0,35 % | 0,13 % | 0,22 % | 8 PSS max |
CEG**** tranche 1 | 2,15 % | 0,86 % | 1,29 % | 1 PSS max |
CEG tranche 2 | 2,70 % | 1,62 % | 1,08 % | 1 à 8 PSS |
* Plafond annuel de la Sécurité sociale.
** Association pour l'emploi des cadres.
*** Compte épargne-temps.
**** Contribution d'équilibre générale.
Quelle cotisation de retraite pour un auto-entrepreneur ?
Les travailleurs soumis au régime micro-social (auto-entrepreneurs, micro-entrepreneurs, etc.) ont, eux aussi, des droits à la retraite ! Mais la cotisation diffère : les charges sociales doivent être payées au moment de la déclaration du chiffre d’affaires à l’Urssaf.
Les artisans, commerçants et les travailleurs ayant une profession libérale non réglementée peuvent acquérir des droits grâce à la SSI (Sécurité Sociale des Indépendants). Si la profession libérale exercée est réglementée, c’est vers la Cipav (Caisse interprofessionnelle des professions libérales) qu’il faudra se tourner.
Cipav ou SSI, cela ne fait aucune différence pour l’Urssaf qui effectue de lui-même l’affiliation de l’auto-entrepreneur à telle ou telle caisse. Quant au calcul de la cotisation de retraite pour un auto-entrepreneur, il faudra se référer au chiffre d’affaires, mais également au type d’activité exercée. Les taux sont les suivants, en matière de charges sociales :
Type d'activité | Taux de cotisation CFP* | Taux de cotisation sociale | Taux de cotisation total |
---|---|---|---|
Vente de marchandise, d'objets, de fournitures, de denrées à emporter ou à consommer sur place et fourniture de logement (BIC**) | 0,1 % | 12,8 % | 12,9 % |
BIC artisanal (prestation de services) | 0,3 % | 22 % | 22,3 % |
BNC*** (prestation de services) | 0,2 % | 22 % | 22,2 % |
Activité libérale qui relève de la Sécurité sociale des indépendants au titre de l'assurance vieillesse | 0,2 % | 22 % | 22,2 % |
Activité libérale qui relève de la CIPAV au titre de l'assurance vieillesse | 0,2 % | 22 % | 22,2 % |
* Congé de Formation Professionnelle.
** Bénéfices Industriels et Commerciaux
*** Bénéfices Non Commerciaux
► Lire aussi : Retraite anticipée : qui peut en bénéficier et pourquoi ?
Les conditions requises pour partir à la retraite
Quel est le nombre de trimestres pour partir à la retraite ?
Outre les cotisations versées aux caisses de retraite, un salarié ne pourra partir à la retraite qu’à condition d’avoir atteint l’âge minimum… et d’avoir cotisé suffisamment de trimestres ! Ce nombre de trimestres, on l’appelle la durée d’assurance. En France, un actif ne pourra pas prétendre à un départ à la retraite s’il a moins de 62 ans, sauf exception. Quant à la durée d’assurance minimale requise, elle varie entre 160 et 172 trimestres, selon l’année de naissance de l’actif en question, comment indiqué ci-dessous :
Année de naissance | Nombre minimum de trimestres cotisés |
---|---|
1953 - 1954 | 165 |
1955 - 1956 - 1957 | 166 |
1958 - 1959 - 1960 | 167 |
1961 - 1962 - 1963 | 168 |
1964 - 1965 - 1966 | 169 |
1967 - 1968 - 1969 | 170 |
1970 - 1971 - 1972 | 171 |
À partir de 1973 | 172 |
À noter qu’il est possible de partir à la retraite dès 62 ans même sans avoir cotisé suffisamment de trimestres, mais la pension de retraite que vous touchez sera impactée par une décote apposée, et ce jusqu’à l’âge de 67 ans, âge du taux plein automatique. À l’inverse, si vous avez atteint la durée d’assurance requise pour bénéficier de votre retraite à taux plein, mais que vous continuez à travailler, vous pourrez potentiellement bénéficier d’une surcote.
Certaines conditions permettent de partir à la retraite plus tôt sans pour autant subir de décote. C’est notamment le cas pour :
- Les préretraites handicap (55 à 62 ans),
- Les préretraites carrière longue (56 à 62 ans),
- Les préretraites pénibilité (60 à 62 ans).
Comment est calculée la retraite ?
En prenant en compte la durée d’assurance atteinte (le nombre de trimestres cotisés) et l’âge de départ, les caisses de retraite (du régime général et complémentaire) calculent le montant de la pension de base.
Pour la retraite complémentaire, l’Agirc-Arrco a récemment mis en place un système de bonus-malus pour récompenser les actifs continuant à travailler même après avoir atteint l’âge légal de départ.
À noter également que le fonctionnement de la retraite de la Cnav concerne également la Mutuelle Sociale Agricole (MSA), qui est le régime des salariés agricoles, mais aussi le SSI (régime des artisans, commerçants et industriels), dans une optique d’harmonisation des différents régimes de retraite.
Quelle est la retraite minimum sans cotisation ?
À la question “Quelle retraite si on n’a pas tous ses trimestres”, la réponse est purement mathématique. Si un salarié n’a cotisé que 162 trimestres sur les 167 requis, et qu’il ne souhaite pas attendre de les obtenir, cela va affecter à la fois son taux de liquidation et son coefficient de proratisation.
Taux de liquidation minoré = Taux plein - (Coefficient de minoration × Nombre de trimestres manquants)
Le nombre de trimestres manquants est celui permettant d’atteindre le nombre de trimestres requis, ou bien celui permettant d’atteindre les 67 ans (âge de taux plein automatique). On prend en compte le nombre le plus avantageux. Dans notre exemple, il manque 5 trimestres pour atteindre les 167. On multiplie ce chiffre par le coefficient de minoration de l’année correspondante.
► Lire aussi : La retraite par métier : les différents secteurs et leurs régimes
Quelles sont les cotisations prélevées sur les retraites ?
Outre les charges salariales et patronales, les pensions de retraite sont, elles aussi, concernées par les cotisations sociales obligatoires ! En effet, les pensions de retraite, bien que moins impactées par ces prélèvements sociaux, subissent :
- La CSG (Contribution Sociale Généralisée),
- La CRDS (Contribution de Remboursement pour la Dette Sociale),
- La CASA (Contribution Additionnelle de Solidarité pour l’Autonomie).
Les pensions de retraite du régime de base
Les retraites versées dans le régime de base sont donc amputées de certaines charges sociales, à hauteur de 9,10 %, comme détaillé ci-dessous :
- Cotisation maladie : 0 % (sauf si domicilié à l’étranger),
- CSG : 8,3 %, 6,6 % ou 3,8 % d’après le revenu fiscal de référence (RFR),
- CRDS : 0,5 %,
- CASA : 0,3 % (ne concerne que les pensions dont le taux de CSG est de 6,6 %).
Ces taux de cotisations sur la pension de retraite sont également les mêmes que ceux des retraités de la fonction publique (anciens fonctionnaires).
Les pensions de retraite du régime Agric-Arrco
Il n’y a pas que le régime de base qui est concerné par ces prélèvements sociaux. La pension de retraite du régime Agirc-Arrco, pour la retraite complémentaire, supporte également son lot de cotisations, à hauteur de 10,10 % :
- Cotisation maladie : 1 %,
- Cotisation maladie pour le régime local général d’Alsace Moselle : 2,5 %,
- Cotisation maladie pour les résidents TOM ou à l’étranger : 4,2 %,
- CSG : 8,3 %; 6,6 % ou 3,8 % d’après le revenu fiscal de référence,
- CRDS : 0,5 %,
- CASA : 0,3 % (ne concerne que les pensions dont le taux de CSG est de 6,6 %).
Ces taux de cotisations sont également les mêmes que pour le régime Ircantec.
Les pensions de retraite des autres régimes
Les taux de cotisations sociales sur la retraite des exploitants agricoles, des professions libérales, des régimes spéciaux ou encore des artisans-commerçants sont les mêmes que pour le régime général, à hauteur de 9,10 % au total.
► Pour aller plus loin :
- Retraite par catégorie socio-professionnelle
- Retraite : que va changer le gouvernement Macron ?
- Comprendre la réforme des retraites
- Tout sur votre relevé de carrière
- Comment faire une demande de relevé de carrière ?
- Comment préparer sa fin de carrière ?
- Quelle est la retraite minimum sans cotisation ?
- Tout savoir sur la cotisation de retraite d’un avocat en 2021
- Indemnité de départ en retraite et cotisations sociales en 2021
- Pension d’invalidité de catégorie 2 et cotisation retraite
- Quelle retraite pour un conjoint collaborateur n’ayant pas cotisé ?
Foire aux questions
🤝 Y a-t-il une cotisation pour la retraite avec le chômage partiel ?
Si vous bénéficiez d’une indemnité de chômage partiel versée par l’État, vous êtes exonéré de cotisations sociales, ce qui vous permet de “gagner plus”. En revanche, le chômage partiel ne permet pas de cotiser pour votre retraite. Cela ne concerne que l’activité partielle : une période de chômage classique vous permet de cotiser pour votre retraite, à hauteur d’un trimestre validé par période d’indemnisation de 50 jours.
🤔 Subit-on des cotisations pour la retraite en contrat d’apprentissage ?
Oui, un travailleur en contrat d’apprentissage cotise pour sa retraite. C’est l’assiette des cotisations forfaitaire qui est prise en compte ici, et non pas le salaire de l’apprenti.
🤝 Comment déduire les cotisations d'épargne retraite ?
La réforme de l’épargne retraite de 2019 a mis un point final à certains dispositifs comme le PERP, le PERCO, Madelin, l’article 83 ou encore le Préfon. Désormais, c’est le plan d’épargne retraite ou PER qui permet d’épargner pour la retraite, mais aussi de réduire le montant de ses impôts.
En effet, le PER (dans toutes ses formes) permet de bénéficier d’une déduction sur les versements volontaires réalisés. Les sommes placées sur un PER constituent donc des économies d’impôts pour l’année suivante sous la forme de déduction fiscale qui s’applique avant que le calcul de l’impôt ne soit fait.
Cette économie d’impôt s’applique différemment selon les profils :
- pour les salariés, les salariés agricoles et les agents de la fonction publique, la déduction fiscale s’applique sur le revenu net global ;
- pour les travailleurs indépendants, la déduction fiscale s’applique sur le revenu professionnel.
La déduction des cotisations d’épargne retraite est plafonnée à 10 % des revenus d’activité hors frais professionnels, ou à 10 % du PASS (plafond annuel de la sécurité sociale). C’est l’option la plus avantageuse pour le contribuable qui est conservée.
🤷 Comment cotise-t-on pour la retraite au RSI ?
Le calcul de la cotisation retraite est proportionnel aux revenus perçus par l’indépendant. Elle est calculée sur les revenus professionnels qui servent à définir le montant de l’impôt sur le revenu à l’exclusion des exonérations fiscales. Le revenu pris en compte intègre également :
- l’abattement de 10 % relatif aux frais professionnels ;
- les dividendes pour la part qui dépasse les 10 % du capital social détenu.
Affectée d’un taux propre à elle, la cotisation retraite est calculée à titre provisionnel et fait l’objet d’un second calcul à partir des revenus réels déclarés par l’indépendant dans la DSI (déclaration sociale des indépendants). Elles peuvent ainsi être régularisées à la baisse ou à la hausse. En effet, l’indépendant devra verser un complément de cotisation ou bénéficiera d’un remboursement si un trop-perçu est constaté.