En bref
Les investissements socialement responsables (ISR) appliquent des principes éthiques, sociétaux et environnementaux.
Vous pouvez investir dans un secteur en particulier, dans des fonds à allocation verte, etc.
L'ISR n'est pas nécessairement moins rentable que l'investissement classique.
Finance responsable : d'une simple tendance au mouvement de fond
À l'origine de la finance responsable : le rôle des Quakers
À l'origine de la finance responsable, on trouve un mouvement philanthropique religieux de la communauté anglo-saxonne des Quakers. À l'époque, la Société religieuse des Amis, réputée pour son intégrité, s’érige contre la possession de richesse en faveur de l’égalité. C'est par elle que l'investissement socialement responsable se développe et s'enracine entre 1890 et 1917. Pour les historiens, cette période correspond à l’avènement d’un nouvel ordre social. La vie politique anglo-saxonne est désormais régie par trois critères :
- moraliser la conduite des individus ;
- protéger les plus défavorisés ;
- redéfinir les relations entre le gouvernement et les gouvernés, entre les grands industriels et la société.
Les années 1920 : la naissance des premiers fonds responsables
L’investissement responsable consiste à construire un portefeuille en prenant en compte les critères financiers et extra-financiers. Cette pratique remonte aux années 1920, développée par des congrégations religieuses qui refusaient d'investir dans ce qu'elles considéraient être "des valeurs du péché". Lesdites valeurs étant l'alcool, le tabac, les jeux d'argent, etc. Ainsi, en 1928, l'église évangéliste d'Amérique lance le premier fonds incluant des critères éthiques, Pionner Fund, sur le principe d'exclusion. Principe qui, comme son nom l'indique, consiste à éliminer du champs d'investissement l'ensemble des actions des entreprises liées à ces industries.
1920-1970 : les années militantes
L’investissement responsable s’est considérablement développé dans le monde sous l’impulsion des institutionnels, mais aussi du fait des événements géopolitiques : l'apartheid en Afrique du Sud, la guerre du Vietnam, le nucléaire, etc. Autant d'événements qui contribuent à créer le Pax World Fund en 1971, par deux pasteurs de l'église méthodiste. Ce fonds, à la base un instrument de boycott, est né de la mise en cause de la responsabilité des entreprises dans les conflits humains et les catastrophes écologiques. Avec le temps, il s'est transformé en un véritable instrument financier visant à soutenir le développement durable.
Les années 1990 : l'institutionnalisation des ISR
Pendant longtemps, la finance responsable a été associée à une forme de militantisme. L'intérêt de ces types de placement n'étant pas la performance financière mais l'éthique. Concrètement, investir de façon responsable revenait à accepter des marges plus faibles et renoncer à une partie de ses dividendes. Or, encouragé par l’évolution du cadre réglementaire, la pratique prend une véritable tournure institutionnelle dans les années 90.
Les premiers "fonds verts" (placements éco-solidaires) voient le jour au début de la décennie. Vers la fin des 90s, les premières agences de notations extra-financières se développent en Europe et en France. Aussi l'Observatoire de la Responsabilité Sociétale des Entreprises (ORSE) est crée en 2000, et Novethic, centre de recherche dédié à l'Investissement Responsable, en 2001.
Depuis quelques années, les sociétés de gestion et les établissements financiers ont étoffé leurs offres et les particuliers sont désormais convaincus. Certains fonds ISR sont mêmes cotés en Bourse.
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L'Investissement Socialement Responsable aujourd'hui
Les Principes pour l'Investissement Responsable (PRI)
Lancés par les Nations Unies en 2006, les PRI prennent la forme d'un engagement volontaire qui s'adresse au secteur financier et incite les investisseurs à intégrer les problématiques Environnementale, Sociale et de Gouvernance (ESG) dans la gestion de leurs portefeuilles, mais au sens large. Les PRI sont un des moyens de tendre vers une généralisation de la prise en compte des aspects extra-financiers par l'ensemble des métiers financiers.
Les principes pour l'investissement responsable sont au nombre de 6. Les investisseurs qui s'engagent à les respecter doivent :
- Prendre en compte les questions ESG dans leurs processus de décisions en matière d'investissement.
- Prendre en compte les questions ESG dans leurs politiques et leurs pratiques d'actionnaires.
- Demander aux sociétés dans lesquelles ils investissent de publier des rapports sur leurs pratiques ESG.
- Favoriser l'acceptation et l'application des PRI auprès des gestionnaires d'actifs.
- Travailler en partenariat avec les acteurs du secteur financier qui se sont engagés à respecter les PRI pour améliorer leur efficacité.
- Rendre compte de leurs activités et de leurs progrès dans l'application des PRI.
Comment investir de façon responsable ?
Investir directement dans une cause
Pour un particulier, l'investissement solidaire ou responsable peut se faire en soutenant directement une cause, un secteur qui lui tiennent à cœur. En première ligne se trouvent la cause environnementale, les inégalités sociales, l'accès au logement, à l'eau, etc. L'achat de parts de groupement forestier par exemple, peut être considéré comme un investissement responsable, dans le cadre où les groupements forestiers contribuent à préserver les forêts françaises, et donc écologiques. Idem avec les vignobles, ou encore, dans l'immobilier, en soutenant la construction dans le neuf et l'accès au logement au plus grand nombre avec la loi Pinel.
Investir dans un fonds d'Investissement Socialement Responsable
La deuxième option consiste à investir directement dans un fonds ISR. Gérés par des sociétés de gestion habilitées par l'Autorité des marchés financiers (AMF), ces fonds sont accessible aux épargnants via un placement financier répondant à des critères ESG, comme :
- le compte titres ordinaire,
- le Plan d’Épargne en Actions (PEA), si le fonds ISR y est éligible,
- l'assurance-vie, si votre contrat le prévoit,
- l'épargne salariale ou de retraite collective,
- certains produits d’épargne retraite individuelle, comme le Plan Épargne Retraite
Ces fonds sont tournés notamment vers le développement des énergies renouvelables ou la réduction des inégalités hommes/femmes au sein des entreprises. On les trouve au sein de la plupart des banques en réseau, des compagnies d'assurance et, plus récemment, des chaînes de la grande distribution alimentaire.
Les trois formes d'ISR possibles
- les fonds socialement responsables ou de développement durable : ce sont les ISR préférés des Français. Cette forme d'investissement consiste à intégrer des critères sociaux et environnementaux d’évaluation d’une entreprise cotée en les croisant avec des critères financiers. Cette stratégie permet ensuite de sélectionner les entreprises les plus eco-conscious et les ajouter à son portefeuille.
- les fonds d’exclusion : grands favoris des pays anglo-saxons, ils reprennent le modèle de base développé dans les années 1920 en excluant du champ d'investissement certains secteurs jugés immoraux ou incompatibles avec les valeurs religieuses. Parmi lesdits secteurs, on trouve les "classiques" : jeux, tabac, alcool, armes. Récemment, les "placements éthiques" comme on les appelle se sont également tournés vers les OGM et le nucléaire.
- l’engagement ou activisme actionnarial : il consiste, pour les investisseurs, à exiger des entreprises une politique de responsabilité sociale plus forte, soit en les interpellant directement, soit par l’exercice des droits de vote en assemblées générales (AG).
L’investissement Socialement Responsable : est-ce rentable ?
3 raisons de croire à la rentabilité des investissements socialement responsables
Parmi les épargnants, on recense depuis 3 ans une augmentation continue des produits d'épargne responsables possédés dans leur patrimoine (ISR, épargne solidaire, financement participatif). Une tendance à l'investissement plus conscient, en particulier pour des raisons écologiques, est en train de se confirmer.
Les convictions environnementales et sociales sont-elles vraiment compatibles avec de bonnes performances financières ? Oui, à en croire les analystes spécialisés en finance responsable. Voici leurs arguments.
1. L’ISR : un équilibre bénéfique entre éthique et profit
Le couple rentabilité-risque historique n'est plus le seul maître de nos décisions d'investissements. Les convictions personnelles, ainsi que l'influence des mouvements favorables à la Responsabilité Sociétale des Entreprises et au développement durable poussent au changement.
2. Les placements labellisés ISR performent au moins aussi bien que les fonds classiques
Dans le monde de la finance, certaines idées reçues ont la vie dure. Par exemple : “mieux prendre en compte l’humain et la nature engendrerait moins de rendement”.
Pourtant, les placements responsables ou durables, une fois détenus, sont largement appréciés chez les épargnants. Selon un sondage réalisé par OpinionWay pour le compte de l’Autorité des Marchés Financiers (AMF), 72 % des épargnants détenant un placement responsable ou durable sont satisfaits(3). Le rendement obtenu arrive en 3e position des critères justifiant cette satisfaction.
En plus d’afficher une performance comparable à celle du marché, 62 % des fonds ISR surperforment les fonds dits « classiques ».
Hormis l’immobilier, toutes les catégories de fonds sont concernées par ces bons résultats :
- Les actions surperforment dans 59 % des cas,
- Les obligations dans 52 % des cas,
- Les produits diversifiés dans 82 % des cas,
- Les fonds monétaires dans 85 % des cas.
3. Les entreprises socialement responsables sont celles qui ont le mieux résisté à la crise
Les multiples confinements et restrictions sanitaires ont provoqué en 2020 un ralentissement notable, presque historique, de notre économie moderne et mondialisée.
Cependant, les analystes financiers de la Bank of America ont constaté que les entreprises les plus « sociales » surperforment de 5 à 10 points en bourse(5) durant cette crise due au COVID-19.
Selon ces mêmes spécialistes, la valeur des critères ESG extra-financiers a contribué à l'augmentation de valeur des entreprises les plus au point sur l'éthique.
Les principes pour l’investissement responsable
Les PRI (Principes pour l'investissement responsable) sont des engagements volontaires destinés au secteur financier ayant pour but d’inciter les investisseurs à intégrer les problématiques Environnementale, Sociale et de Gouvernance (ESG) dans la gestion de leurs portefeuilles. Les principes pour l’investissement responsable ont été lancés par les Nations Unies en 2006 et ont pour vocation de tendre vers une généralisation de la prise en compte des aspects extra-financiers par l’ensemble des métiers financiers. On trouve 6 principes pour l’investissement responsable que les investisseurs doivent respecter :
- La prise en compte des questions ESG dans leurs décisions en matière d’investissement,
- La prise en compte des problématiques ESG dans leurs politiques et leurs pratiques d’actionnaires,
- Exiger des sociétés dans lesquelles ils investissent de publier des rapports sur leurs pratiques ESG,
- Encourager l’acceptation et l’application des PRI auprès des gestionnaires d’actifs,
- Oeuvrer en partenariat avec les acteurs du secteur financier engagés à respecter les PRI pour améliorer leur efficacité,
- Rendre compte de leurs activités et de leurs progrès dans l’application des PRI.