Dans la poche
L'empreinte carbone des cryptomonnaies varie fortement selon les blockchains concernées.
En 2022, la mise à jour de la blockchain Ethereum a permis de baisser sa consommation énergétique de 99 %.
Le Bitcoin reste assez énergivore avec 129 TWh par an (mars 2023).
La crypto-pollution : une réalité, et des opinions contestables
Le développement des projets blockchains ces dernières années est décrit comme un fléau écologique. Ce sujet a pris de l’ampleur dans le discours des écologistes, en particulier après les nombreux articles dénonçant le Bitcoin comme principal responsable.
Cette hypothèse, bien que recevable, peut toutefois être remise en question. En effet, les méthodes utilisées pour appuyer certains arguments écologistes sont de plus en plus contestées, à juste titre.
Sans douter de l’intégralité des conclusions à ce sujet, nous pensons qu’il est important de contrebalancer certains arguments anti-blockchain. Pour illustrer nos propos, nous parlerons essentiellement de Bitcoin, le premier cryptoactif du monde.
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Le Bitcoin consomme en effet beaucoup d’énergie
Bitcoin est une cible facile pour ses détracteurs. Sa consommation d’énergie est facilement calculable. Son impact environnemental semble l’être également. Du moins en apparence.
En mars 2023, Bitcoin consomme environ 129 térawatt-heure (TWh) à l'année, soit environ 0,62 % de la consommation mondiale d'électricité. On estime aujourd’hui que ce réseau Bitcoin consomme plus d’électricité que la Suède.
Pourtant, le lien entre le réseau Bitcoin, l’énergie, l’environnement et l’écologie est bien plus complexe qu’il n’y paraît. Il ne suffit pas de calculer combien de tonnes de CO2 sont émises par une industrie pour la condamner immédiatement.
Bitcoin a deux rôles principaux :
- être une monnaie numérique indépendante, mondiale, autonome et non-manipulable ;
- être un réseau de paiement décentralisé, sans intermédiaire, que l’on ne peut pas censurer.
Cette technologie est basée sur une blockchain hautement sécurisée et performante au niveau planétaire. Son niveau de sécurité implique une forte consommation d’électricité, parfois jugée excessive, mais nécessaire pour son fonctionnement. Les millions de transactions quotidiennes sur les plateformes d'échange crypto doivent quoi qu'il arrive être sécurisées.
Le minage pointé du doigt comme responsable
Les mineurs sont nécessaires pour garantir le fonctionnement et la sécurité d’une blockchain. La consommation énergétique est étroitement liée au matériel utilisé par ces mineurs.
Une blockchain comme Bitcoin utilise le modèle Proof-of-Work pour sécuriser son réseau. Les mineurs doivent utiliser leurs machines pour résoudre des calculs cryptographiques et ajouter de nouveaux blocs de transactions au réseau.
Le minage de cryptomonnaies est actuellement de plus en plus gourmand en énergie. Puisque les mineurs ont un intérêt économique direct à optimiser leur consommation, ils doivent favoriser les progrès en efficacité énergétique. Cela implique d’utiliser des composants informatiques plus robustes, plus efficaces, et des sources d’énergie moins chères. C’est pourquoi ils cherchent par exemple à constamment utiliser de l’électricité qui aurait été gâchée ou perdue.
La plupart de la puissance de minage utilisée (+ de 70 %) est produite grâce à de l’énergie renouvelable. L'hydroélectricité serait la principale source d’énergie du minage, et son empreinte carbone est encore surestimée. La géothermie fait aussi partie des options. Les mineurs sont mobiles : ils peuvent - et ont tout intérêt à le faire - se déplacer là où l’énergie est la moins chère.
Dans cette quête d’une énergie moins coûteuse, ces mineurs peuvent également acheter le surplus d’énergie non utilisé à des tarifs plus attractifs. En plus d’améliorer leur marge, ils contribuent à éviter le gaspillage inévitable d’une électricité qui n’aurait pas pu être stockée.
Il ne faut pas confondre la consommation énergétique avec l’empreinte carbone. Le moyen utilisé pour produire cette énergie est également déterminant. Aujourd’hui, les mineurs de bitcoins ne sont pas ceux qui font le plus tourner les centrales à charbon problématiques. Ils ne sont pas non plus dépendants du pétrole ou du gaz. Et surtout, leur consommation est ajustable sans mettre en péril le réseau Bitcoin.
Bon à savoir
Dans le protocole Bitcoin, les transactions sont incluses dans des "blocs". Pour que les utilisateurs de Bitcoin parviennent à un consensus sur leur ordre et leur contenu, les blocs doivent être publiés avec une preuve de travail, c'est-à-dire une preuve cryptographique que le bloc en question est valide. Les mineurs, qui émettent ces blocs, sont récompensés pour leur travail par des « fragments » de bitcoins.
Quelles blockchains consomment le moins d’énergie ?
Premier point important : toutes les blockchains (et leurs algorithmes) ne fonctionnent pas de la même manière que Bitcoin. En revanche, toutes les autres blockchains ne sont pas aussi ouvertes, publiques et autant décentralisées que Bitcoin ou Ethereum. Elles ne peuvent pas remplir les mêmes fonctions. Nous détaillons quelques exemples dans cette partie.
La Binance Smart Chain par exemple est très économe. Sa consommation énergétique par transaction est négligeable. Seulement, son réseau est faiblement décentralisé puisqu’il n’est composé que de 21 « nodes » de validateurs. On dit qu’elle fonctionne sur un protocole de consensus Proof-of-Stake Authority (PoSA). Ce qui donne le pouvoir de valider les transactions à un nombre restreint de validateurs.
Solana (SOL) est une autre blockchain qui a beaucoup fait parler d’elle depuis que son cours a explosé. Ce projet open-source souhaite rendre accessible au plus grand nombre la création d’applications décentralisées. Son protocole de consensus est appelé « Proof-of-History ». Il permet, tout en conservant la décentralisation, d'accélérer la vitesse de transaction tout en optimisant la consommation énergétique du réseau.
Pour finir, Tezos (XTZ) est réputée comme étant l’un des réseaux blockchain les plus éco-responsables. Son protocole Proof-of-Stake (preuve d’enjeu) remplace la puissance de calcul par la séquestration d’actifs pour participer à la validation des blocs.
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Pourquoi la cryptomonnaie n’est pas une « aberration écologique »
Les mineurs de cryptos sont gagnants à ce que les progrès en termes d'efficience énergétique accélèrent. Au vu des sommes engagées dans le développement des technologies blockchains, ils pourraient donc être un véritable atout pour l’innovation.
Comme la production d’énergie renouvelable est encore moins rentable que le charbon (car difficile à stocker et transformer), la cryptomonnaie pourrait même devenir un atout pour l’écologie. Le minage peut aider à rentabiliser un projet d’énergie verte. En s’implantant à proximité d’un projet de barrage, sur un sol volcanique ou encore près d’un champ éolien.
La plupart des rapports utilisant des arguments discréditant Bitcoin et son impact écologique effectuent beaucoup de raccourcis. Certes, Bitcoin consomme de l’énergie. Tout comme énormément de secteurs d’activité : le système bancaire, l’extraction d’or, le stockage de données, etc. Mais il ne faut pas oublier que nous ne sommes qu’au début des innovations de ce secteur qui est amené à s’améliorer chaque jour, là ou d’autres ont atteint leurs limites. De nombreuses initiatives ont d’ailleurs pour projet de rendre les cryptomonnaies le plus éco-responsables possible.
La vraie question à se poser est : l’utilité de la blockchain et des cryptomonnaies justifie-t-elle cette utilisation d’énergie ? Libre à chacun de se faire un avis. Pour y répondre, il est nécessaire de comprendre les avantages et les inconvénients de ces nouveaux réseaux d’échanges et de leurs monnaies décentralisées.
L’essentiel à retenir sur l’impact écologique des cryptomonnaies
Tant que l’utilité fondamentale des cryptomonnaies n’est pas reconnue et acceptée par la majorité d’entre nous, il sera compliqué de faire changer les choses. L’opinion du public - encore peu informé à ce sujet - est encore assez négatif au sujet de la consommation d’énergie utilisée pour développer les projets blockchains et utiliser des bitcoins.
Le coût écologique des cryptos est une réalité indéniable. Il s’agirait maintenant de le comparer à leur utilité, pour établir un bilan objectif des avantages et des inconvénients. La pédagogie des spécialistes aide, mais elle est encore trop confidentielle. Les initiatives de recherche pour une utilisation plus efficace des ressources dans les projets blockchain sont encore peu soutenues en France.
En attendant, les communautés d’entrepreneurs et techniciens hautement qualifiées continuent d’innover et de proposer des solutions. Qu’elles soient juste plus efficaces, ou complètement révolutionnaires, nous serons amenés à en entendre parler bientôt.
Voici également une ressource complémentaire pour commencer à investir : comprendre les ETFs crypto ;
Sources
Impact écologique des blockchains et cryptomonnaies : idées reçues et réalités - Blockchainpartner (KPMG)
Bitcoin network power demand - University of Cambridge
Cambridge Bitcoin Electricity Consumption Index - University of Cambridge
Bitcoin’s Energy Consumption - Bitcoinsuisse.com
Foire aux questions
🤝 Qu’est-ce que le Proof-of-Stake ?
C’est un mécanisme de validation sur une blockchain qui utilise le capital de ses utilisateurs pour fonctionner. Les blockchains en PoS requièrent un minimum d’unités de l’actif natif pour avoir le droit de participer à la validation des blocs. Il faudrait par exemple 32 ETH pour Ethereum 2. Cette technologie encore jeune est toutefois jugée moins robuste que le Proof-of-Work.
🤷 Où sont minées les cryptomonnaies ?
Il peut être difficile de connaître avec précision l’emplacement des différents centres de minage crypto dans le monde. Elles peuvent être minées depuis n’importe quel pays (parfois illégalement). Cependant, nous savons que les États-Unis, le Kazakhstan ou encore la Russie sont des pays dans lesquels le minage est très développé.
🤝 Est-ce légal de miner de la cryptomonnaie en France ?
Oui, il est tout à fait légal de s’équiper pour miner de la cryptomonnaie, et d'en tirer un bénéfice.
🤔 Pourquoi est-il de plus en plus compliqué de miner du Bitcoin ?
Le bitcoin nécessite de plus en plus d’énergie car le nombre d’unités restantes à miner diminue. Ainsi, la difficulté d’obtention augmente en même temps que la rareté. C’est un phénomène comparable à celui de l’extraction de l’or.